Indice entrepreneurial 2013
Les jeunes à la rescousse de l'entrepreneuriat
Collaboration spéciale
Les Québécois qui possèdent une entreprise ou qui se lancent en affaires sont historiquement moins nombreux que dans le reste Canada. Toutefois, la Fondation de l’entrepreneurship croit que les jeunes pourraient bientôt faire parler les statistiques autrement.
Selon l’Indice entrepreneurial québécois 2013, environ 25 % des jeunes Québécois âgés de 18 à 34 ans ont l’intention de se lancer en affaires, contre 14,8 % pour l’ensemble de la population. Par contre, à l’heure actuelle, seulement 7,4 % des jeunes sondés entreprennent des démarches concrètes et 4,8 % deviennent propriétaires.
Quand vient le temps de faire un plan et d’obtenir du financement, de nombreux entrepreneurs réalisent qu’ils avaient une perception erronée des sommes nécessaires pour se lancer en affaires. « Plusieurs de ceux qui ont l’intention de démarrer une entreprise accordent une trop grande importance aux programmes gouvernementaux, explique Rina Marchand, directrice principale contenu et innovation à la Fondation de l’entrepreneurship. Les programmes de soutien ne manquent pas, mais dans la réalité, la part d’économies personnelles est bien plus importante que ce qu’ils imaginent. »
Questionné sur le désir entrepreneurial des Québécois, le président du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec, Christian Bélair, rappelle que 44 % des dossiers soumis à la Fondation canadienne des jeunes entrepreneurs venaient du Québec. Il est néanmoins d’accord pour dire que la culture des affaires est encore à développer.
« Comme la province a peu de grandes fortunes qui peuvent financer les "start-ups", les entrepreneurs doivent souvent trouver du financement à l’extérieur, dit-il. Je pense aussi que la population doit réfléchir collectivement à sa tolérance au risque. Un échec n’est pas une fin en soi. Cela signifie simplement qu’un entrepreneur a tenté sa chance et qu’il a pu apprendre de son expérience. »
De son côté, Rina Marchand observe une dichotomie importante entre la perception de l’entreprenariat et la conviction des Québécois de pouvoir être des entrepreneurs. « D’abord, la population a une très bonne opinion des gens d’affaires, précise-t-elle. L’entreprenariat est perçu comme une façon juste et honnête de s’enrichir. La vision des Québécois est même plus positive que celle des autres Canadiens.
«Par contre, quand vient le temps de tenter l’expérience, les gens manquent de confiance, ajoute-t-elle. On remarque la même attitude avec les ambitions de croissance des Québécois qui sont déjà en affaires. Même si la plupart affirment que l’innovation est importante, les sommes qu’ils investissent ne représentent pas leur opinion. C’est un peu comme si les bottines ne suivaient pas les babines. »
Selon Christian Bélair, les premiers pas des entrepreneurs doivent être faits le plus tôt possible, dès le cégep ou l’université. « Quand on a un emploi assuré, une maison à payer ou des enfants à nourrir, les conséquences ne sont pas du tout les mêmes si son entreprise va moins bien. »
Les intervenants s’accordent pour dire qu’il faut éliminer le fossé entre l’univers scolaire et la vraie vie, afin que les projets des étudiants se concrétisent dès la fin des études. « On doit parler de parcours entrepreneurial en milieu scolaire, favoriser le réseautage dans leur groupe d’âge et inciter les jeunes à profiter de l’expérience des plus vieux, suggère M
Marchand. Il y a cinq ans, c’était quasiment tabou de demander l’aide de mentor. Cela signifiait qu’on avait un gros problème. Aujourd’hui, c’est rendu " in ". Ça fait partie du coffre à outils. »25 %
Proportion des jeunes Québécois âgés de 18 à 34 ans qui ont l’intention de se lancer en affaires, contre 14,8 % pour l’ensemble de la population au Québec.
7,4 %
Proportion de jeunes sondés qui entreprennent des démarches concrètes pour se lancer en affaires, alors que seulement 4,8 % deviennent propriétaires.
En affaires dans sa région
Le Québec a une longueur d’avance en ce qui a trait au pourcentage de jeunes entrepreneurs qui se lancent en affaires dans leur région d’origine, avec 58,3 % contre 40,5 % pour le reste du Canada. « Une fois qu’ils ont pris en considération le contexte géographique pour trouver des clients et des fournisseurs, plusieurs entrepreneurs s’établissent dans leur région natale pour profiter de leur grande connaissance du milieu, mentionne Christian Bélair. Ils bénéficient généralement d’un fort réseau de contacts et accumulent plus facilement leur mise de fonds. »